dimanche 2 mai 2021

A la mémoire de Louis Nicolas Malfilâtre (1785-1807)

acte décès Louis Pierre Malfilâtre 27 février 1807 archives mairie Corny 27

Cette année 2021 marque le bicentenaire de la mort de l’empereur Napoléon 1er, décédé dans sa prison de Sainte-Hélène le 5 mai 1821. Les commémorations font polémique, selon que l’on se félicite de l’influence française retrouvée sous le 1er empire, ou que l’on condamne, entre autres, le despotisme guerrier de ce personnage historique.

Un document des archives de la Mairie de Corny nous permet un regard sur cette période, en exhumant le souvenir d’un soldat inconnu et oublié de tous, Louis Nicolas Malfilâtre, né à Corny le 7 février 1785, et mort le 27 février 1807 pendant la campagne de Pologne, à Tannenberg – Olsztynek, à plus de 1600 kilomètres de son village natal.

L’acte militaire de décès, qui se trouve dans les archives de la Mairie de Corny et qui nous permet d’évoquer le jeune homme de 22 ans mort au milieu de cette campagne sanglante, contient quelques erreurs : sur l’orthographe du nom d’abord, on lit Malfillade au lieu de Malfilâtre (on trouve aussi dans les registres de Corny Malfilastre), puis sur l’année de naissance, 1774, alors que Louis Nicolas était né en 1785. 

Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau par Antoine Jean Gros (musée du Louvre)
Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau
par Antoine Jean Gros (musée du Louvre)

Son décès, dont la cause pourrait bien être volontaire – « décédé hier six heures du matin au village de Tannenberg, par suite d’un coup de fusil qu’il s’est donné lui-même » – est intervenu quelques jours après la sanglante bataille d’Eylau, où l’armée napoléonienne, si elle fut victorieuse, vit 10 000 de ces soldats tués ou blessés, et fit plus de 12 000 morts et 14 000 blessés dans le camp russe adverse ; le maréchal Ney en parcourant le champ de bataille le lendemain déclare lui-même « Quel massacre ! Et tout cela pour rien ! »

Les historiens s’accordent pour dire que, pendant les campagnes du 1er empire, nombreux furent les soldats qui attentèrent à leur vie, tant les conditions de vie et de combats étaient insupportables. L’historien Louis Jacques-ElieMesnier rapporte des témoignages en ce sens : « Il existe un mécontentement général dans l'armée… Nous avons vu des soldats qui se sont donnés la mort devant le général en lui disant : "Voilà ton ouvrage" » ou encore lors de la campagne d’Egypte : « On voit des soldats qui, témoins des souffrances de leurs camarades, se brulent la cervelle ; d'autres se noient dans le Nil. ».

A la veille des commémorations de l’armistice du 8 mai 1945, l’occasion nous est donnée grâce à cette archive de saluer la mémoire d’un soldat inconnu, absent de tout monument, tombé pour une guerre oubliée...

gravure uniforme fusilier du 33e régiment d'infanterie de ligne 1806 - 1807 gravure H Feist

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