dimanche 8 mai 2022

Pascal Désiré Boissel

On trouve dans les archives de la mairie de Corny un document qui évoque la disparition d'un cornilien, bien loin de son village natal, à Constantinople le 7 février 1855. Il s'agit de l'extrait mortuaire de Pascal Boissel, chasseur au 10e bataillon de chasseurs à pied, engagé dans la guerre de Crimée, que les armées françaises, anglaises et ottomanes firent à la Russie de 1853 à 1856. 

extrait mortuaire pascal désiré boissel Corny 27 1855

Pascal Boissel naît à Corny le 2 février 1831, d'un père couvreur en paille, Pascal Boissel âgé de 25 ans, et de Marie-Rose Nourry âgée de 31 ans. Il s'agit du premier enfant du couple, et il est prénommé Pascal Désiré par ses deux parents. Au recensement de 1836, la famille s'est élargie, avec deux enfants Elisabeth et Lubin nés en 1833 et 1834 (il y a une autre sœur née en 1832 Marie-Victoire), et elle vit chez les parents de Marie-Rose Nourry ; Jean-Baptiste Nourry, charron, et son épouse Victoire Letellier. Boissel est un nom de famille présent à Corny, et au même recensement de 1836, on compte 4 autres foyers à ce nom, dont les grands parents du petit Pascal Désiré, Nicolas Boissel, lui-même couvreur en paille, et sa femme Geneviève Mulot.

hôpital militaire Gulhane Turquie
Jardins de l'hôpital Gülhane à Constantinople

En 1853, de fortes tensions existent dans les Balkans et sur les rives de la Mer Noire entre l'empire ottoman, actuelle Turquie, alors en déclin, et la Russie du Tsar Nicolas 1er, qui désire augmenter son influence dans la région, et profiter de la faiblesse de l'empire ottoman pour gagner de nouveaux territoires. Craignant un démantèlement de l'empire ottoman et donc une perte d'influence dans la région, Français et Anglais s'allièrent au Royaume de Sardaigne pour soutenir l'armée ottomane. Afin de mettre fin aux attaques russes, les forces alliées décidèrent de frapper la flotte russe, concentrée dans le port de Sébastopol. Ce combat se déroula de la fin août 1854 jusqu'à l'entrée des troupes alliées dans la ville de Sébastopol vidée des troupes russes en septembre 1855. Si les combats firent bien sûr de nombreuses victimes, les maladies dévastèrent véritablement les troupes. Sur 300 000 soldats envoyés par la France, environ 95 000 meurent sur place. Mais très peu de soldats périssent au combat. Après un hiver 1854-1855 extrêmement rigoureux, les maladies - choléra, scorbut, typhus, fièvres - causent près de 90% des morts dans les troupes. Notre jeune soldat cornilien est mort de "diarrhées chroniques" selon le certificat de décès établi à l'hôpital militaire de Gülhane à Constantinople (Istanbul aujourd'hui) ; il s'agissait peut-être des symptômes du choléra.

Ses parents devront attendre l'été 1855 pour apprendre la triste nouvelle de la disparition de leur fils aîné et, absents des recensements de 1841 et de 1846, il est probable qu'ils n'habitent plus le village depuis plusieurs années déjà.

zouave blessé et une vivandière par Roger Fenton Crimée 1855
Zouave blessé et une vivandière, Crimée par Roger Fenton, 1855 











 

En ce 8 mai, et alors que la guerre fait rage non loin de Sébastopol en ce moment même, avec son lot d'atrocités et de barbarie, rendons hommage à Pascal Boissel, victime innocente de la guerre...

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