A la veille du centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918, il est bien difficile d'imaginer la vie du village de Corny pendant la "grande guerre". La carte postale ci-dessus a été envoyée sinon du village, sans doute de ces alentours, par un soldat en repos. Avait-on réquisitionné des logements dans le village ? Cela semble peu probable. On peut plutôt penser que l'expéditeur de cette carte était hébergé à Ecouis (un hôpital militaire s'y trouvait) ou aux Andelys, et qu'à l'occasion d'une sortie dans les environs, il avait croisé notre jolie église et acheté cette carte postale pour l'envoyer à une "Demoiselle" de ses connaissances...
Voici le texte que l'on peut lire au verso de la carte :
15 avril 1918
Chère Demoiselle
Peut-être allez-vous croire que je suis mort. Excusez-moi, je n'ai pas eu le temps de vous écrire plus vite. Nous sommes au repos depuis quelques jours dans ce pays. Je suis toujours en bonne santé et je n'ai pas trop le cafard à mon idée. Je crois que la perm' de longue durée va bientôt venir. Donnez le bonjour à Mme Louise de ma part. A bientôt de vos nouvelles. Recevez mes bons souvenirs. Octave G. (?)
Si ce 11 novembre 2018, la mémoire du soldat cornilien mort au combat Emile Léon Gautier (voir cet article) sera particulièrement honorée, d'autres enfants du village partirent combattre. Si l'on recherche les garçons nés à Corny dans les registres d'état civil des années 1880-1890 sur le site des archives départementales de l'Eure, et que l'on recherche ensuite leurs noms dans les registres militaires sur le site des archives départementales de Seine-Maritime (le canton des Andelys était rattaché à Rouen militairement jusque dans les années 1920), on retrouve de nombreuses fiches militaires de soldats nés à Corny, envoyés au front mais ayant, eux, survécu à la guerre :
- Clovis Georges Mary Leclerc fut blessé au combat le 8 juin 1915 à Neuville-Saint-Vast au cuir chevelu par éclat d'obus. Il réintègre les tranchées le 30 octobre 1915 et termine la guerre sans autres blessures. Il se marie en 1920 à Boisemont.
- Emile Maximilien Alexandre Cercelot incorporé le 28 novembre 1914, et blessé le 4 avril 1916 à Vaux-Douaumont au cuir chevelu et d'une plaie à l'avant bras droit avec fracture du radius par un éclat d'obus. Il est finalement renvoyé dans ses foyers le 25 mai 1917.
- Armand Edmond Siméon, pensionné pour blessure par balle au genoux,
- Auguste Joseph Rochette, arrivé au front le 4 août 1914, est évacué en ambulance le 4 septembre 1916 et ne retourne plus au front ensuite.
- Robert Jules Plaisant, décoré de la croix de guerre étoile de bronze, avec la mention "très bon servant, a toujours montré les plus grandes qualités de sang froid et de courage notamment dans les combats du 28 août et du 6 septembre 1918",
- Joseph Picache, fait prisonnier le 2 juin 1916 à Souville [près de Verdun], interné à Limbourg en Allemagne puis libéré et rapatrié le 4 décembre 1918,
- Raymond Eugène Valentin Lucien Drieux, blessé le 9 novembre 1916, évacué intoxiqué le 12 mai 1918, blessé une autre fois le 24 octobre 1918, à quelques jours de l'armistice ; lui aussi fut décoré de la croix de guerre étoile de bronze, avec la mention "bon soldat, ayant toujours accompli son devoir, a été blessé 3 fois".
D'autres natifs de Corny, vivant dans une autre commune au moment de leur départ au front, eurent moins de chance et furent parmi les victimes de cette guerre :
- Charles Bonaparte Lesueur était né à Corny le 27 septembre 1881, il résidait à Boisemont au moment de son incorporation le 6 décembre 1902. Rappelé aux armées le 12 août 1914, il disparaît autour du 23 octobre 1914 à La Creûte (?). Il fut médaillé en 1922 et décoré à titre posthume de la croix de guerre étoile bronze, avec la mention "Zouave courageux et dévoué, tué glorieusement le 23 octobre 1914 à la Creute". Son nom figure sur le monument aux morts de Boisemont.
- Paul Lesueur était né à Corny le 15 décembre 1883, il résidait à Ecouis lors de son incorporation. Il arrive au front le 12 août 1914, et disparaît moins d'un mois plus tard le 9 septembre 1914 à Esternay dans la Marne.
- Camille Maximilien Félicien Cercelot était né à Corny le 9 juin 1884, et résidait à Cuverville depuis 1910. Il arrive au front le 4 août 1914, et est tué à l'ennemi le 26 septembre 1914 à Sapigneul dans la Marne. Son nom figure sur le monument aux morts de Cuverville.
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