mercredi 9 décembre 2020

Le second empire (1852-1870) à Corny...

adresse à l'empereur Conseil municipal corny 27

Cette année est commémoré le cent-cinquantième anniversaire de la fin du second empire ; c'est en effet la guerre entre la France et la Prusse en 1870 qui mit fin à l’empire et permit la naissance de la IIIe République. Il est intéressant de traverser cette période de l’histoire de France et celle de notre village à travers les adresses que le conseil municipal envoya au couple impérial entre 1852 et 1870. 

roclamation de l'Empire, à l'Hôtel de ville, le 2 décembre 1852 gravure
Proclamation de l'empire à l'Hôtel de Ville, le 2 décembre 1852

L’accession au trône impérial de Louis Napoléon Bonaparte, élu président de la République en 1848, se fit par le coup d’état du 2 décembre 1851, par lequel le Président organisa un plébiscite pour permettre sa ré-élection puis la proclamation de l’empire le 2 décembre 1852. Le conseil municipal de Corny n’est pas en reste pour réagir :

L’an Mil huit cent cinquante-deux, le dimanche cinquième jour du mois de décembre, les membres du conseil municipal de la commune de Corny se sont réunis au lieu ordinaire de leurs séances à 8h du matin sur la convocation de Monsieur le Maire. Etaient présents M.M. Baudot, adjoint, Lemelle, Normand Dominique, Cercelot François, Mercier D, Masson F, Masson Désiré et Demelle.

Monsieur le Maire expose au conseil que le but de la réunion est d’inaugurer l’avènement de Louis Napoléon au trône impérial de la manière la plus digne en distribuant aux pauvres de la commune les objets de première nécessité :
1     A la veuve Courbet un pain de         3 kg
2     A Octavie Fanchon dîte Lesueur     3 kg
3     Delaplace Alexandre                       6 kg
4     Veuve Darras (fille Julie Rubet)     3 kg

Plus 13 bourrées dont 3 à la veuve Courbet, 3 à la fille Fanchon, 3 à la veuve Darras et enfin 4 au sieur Delaplace Alexandre. Le but de la réunion étant rempli, nous avons signé la présente délibération dont une copie sera envoyée à Monsieur le préfet.
Bon pour 15 kilogrammes de pain blanc, et treize bourrées
En la mairie de Corny, les jours, mois et an que dessus. 

 

mariage napoléon III eugénie de Montijo BnF
Mariage de Napoléon III et Eugénie de Montijo, (c) BnF

L’occasion suivante pour le conseil municipal de manifester son soutien à l’empire se présente en janvier 1853, à l’occasion du mariage de l’empereur avec Eugénie de Montijo, Comtesse de Téba, dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris. L’adresse ci-dessous est rédigée au conseil municipal de Corny le 27 février 1853 :

L’an Mil huit cent cinquante-trois, le vingt-sept du mois de février à neuf heures du matin (…), Monsieur le Maire propose ensuite au Conseil de voter une adresse à Sa Majesté l’Empereur pour lui exprimer tous les vœux sympathiques qu’inspire au pays l’union solennelle qu’il vient d’accomplir avec son excellence Mademoiselle Eugénie Comtesse de Téba.

Le Conseil plein de reconnaissance pour Sa Majesté l’Empereur qui, par son énergie sauva la France des horreurs de la guerre civile le 2 décembre 1851 se rend à l’unanimité à la proposition de Mr le Maire et vote à S M l’adresse ci-après :

Le Maire, l’adjoint, tout le conseil municipal et l’Instituteur public de la commune de Corny, arrondissement des Andelys, Eure.

Sire,

En rendant à la France l’empire héréditaire, vous avez achevé l’œuvre glorieuse du 2 décembre 1851 par laquelle vous sauvâtes la patrie des horreurs de la guerre civile. Par l’union solennelle que votre Majesté vient de contracter avec son excellence Mle Eugénie Comtesse de Téba le 29 janvier dernier, vous répondez aux vœux de tout le pays, Sire, en lui promettant une descendance directe destinée à perpétuer la force et la grandeur de cette couronne impériale que Dieu vous réservait ce que la volonté du peuple français a posée sur votre tête.

Nous venons donc, Sire, vous exprimer les vœux ardents que nous formons pour le mariage de Votre Majesté avec Mlle la Comtesse de Téba et vous supplions ainsi que S.M. l’Impératrice de croire à toute la sincérité de notre amour et de notre dévouement. Vive l’Empereur, vive l’impératrice ! 

 

naissance prince impérial 1856
Naissance du Prince impérial, 1856, (c) BnF

C’est ensuite, tout naturellement, la naissance d’un prince-héritier qui réjouit le Maire et ses conseillers, qui envoient alors cette lettre aux heureux parents :

A Sa Majesté l’Empereur des Français

Sire,
Le Ciel, en vous donnant un Fils, a comblé les vœux de tout le pays et notre joie a été vive en apprenant la naissance de cet enfant qui est pour le monde entier un nouveau gage de sécurité et de grandeur.

Nous adressons donc, Sire, à Votre Majesté nos respectueuses félicitations et la prions de déposer nos hommages aux pieds de notre auguste Souveraine pour l’évènement heureux qui remplit d’allégresse toute la Nation.

Le Maire, L’adjoint, l’instituteur, les conseillers municipaux

 

attentat du 14 janvier 1858 gravure
L'attentat du 14 janvier 1858, (c) BnF

Napoléon III connaît de nombreux opposants tout au long de son règne ; il y répond par une répression féroce contre tous ceux qui contestent son pouvoir ; Victor Hugo s’exile ainsi à Jersey de 1851 à 1859, Edgar Quinet part quant à lui pour la Belgique pour un exil de 7 ans. La presse est muselée et la censure empêche toute critique du pouvoir en place. Le 14 janvier 1858, un attentat est perpétré contre le cortège impérial alors qu’il se rend à l’Opéra, situé à l’époque rue Le Peletier à Paris. Plus de 150 personnes sont blessées, 8 perdent la vie, mais le couple impérial, protégé par le carosse blindé dans lequel il circule, sort indemne de l’attaque et se rend à la représentation comme prévu, souhaitant ainsi rassurer l’opinion publique sur leur état de santé.

Cette fois encore, le conseil municipal exprime son émotion à l’empereur et à l’impératrice :

L'an 1858 le conseil municipal s'est réuni le 17 janvier à 4h du soir en session extraordinaire sur la convocation de Monsieur le Maire afin de rédiger une adresse pour exprimer à leurs Majestés Impériales le bonheur de toute la commune en apprenant qu'elles ont échappé par miracle à la mort donc elles étaient menacées par les attaques nocturnes de quelques assassins qui pour l'honneur Français sont étrangers.

Adresse :
Le Maire, le conseil municipal et l'instituteur public de la commune, canton des Andelys, etc. etc. à sa majesté Napoléon III empereur des Français

Sire, la Divine Providence, en faisant avorter les projets infernaux de quelques misérables qui, dans la soirée du 14 janvier présent mois, attentèrent à vos jours ainsi qu'à ceux de notre Auguste souveraine l'Impératrice Eugénie, votre épouse bien-aimée, sauva la France du malheur le plus épouvantable ; la guerre civile.
O Prince, que serions-nous devenus si ce crime dont la seule pensée glace de terreur avait été consommé ? Dieu le sait !

Permettez-nous, Sire, de venir déposer à vos pieds nos hommages d'un dévouement inspiré par la reconnaissance et nous supplions l'auteur de toutes choses de continuer à vous protéger, car en protégeant votre Majesté et l'impératrice, Dieu nous protège tous. Nous sommes heureux, Sire, de pouvoir venir vous peindre le bonheur dont nos cœurs ont joui par la nouvelle de la conservation des jours de notre Empereur et de son illustre compagne.

Vive l'Empereur, vive l'Impératrice, vive Napoléon IV !
Fait et voté à l'unanimité le 17 janvier 1858

La fin de l’empire sera peu glorieuse, la guerre contre la Prusse humiliant le pays, et par là même son régime. L’empereur défait à Sedan le 4 septembre 1870, restera prisonnier de la Prusse jusqu’en mars 1871. Malade, il rejoindra alors l’impératrice dans son exil en Angleterre et y mourra en janvier 1873. L’impératrice Eugénie quant à elle devra subir la perte de son fils en 1879, tué dans la guerre anglo-zoulou menée par l’Empire Britannique en Afrique du Sud ; elle mourra le 11 juillet 1920 à Madrid. 

cachet mairie Corny 27 second empire
Cachet de la Mairie de Corny sous
le second empire de 1852 à 1870

 

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